L’affaire Cahuzac est depuis hier dans tous les esprits de la République. Tout est dit, ou presque. Pour remettre de l’ordre dans les finances de l’État on avait misé pas mal sur ce brillant ministre comme sur beaucoup d’hommes et de femmes politiques. Le voilà pris désormais dans le piège perfide qu’il s’est lui-même tendu. Quel écœurement face à ce début de vérité, ces aveux poignants ! On croirait revoir Pierre Bérégovoy et son « modeste » prêt de 1 million de Francs. La classe politique française a beau jeu de s’émouvoir et de se scandaliser alors qu’elle tolère depuis toujours tous les petits arrangements entre amis, qu’elle entretient ces comportements de protection des élites vis à vis du peuple, qu’elle donne plus que l’impression que l’appât du gain est sa seule boussole bien loin devant l’intérêt public.
600 000 euros ce n’est pourtant pas une fortune comparé à Mme Bettencourt et à ses si obligés amis, comparé à une ou deux propriété(s) foncière(s), mais à nos yeux de futurs petits retraités c’est quand même une jolie somme que nos comptes d’épargne ne sont pas prêts d’atteindre.
Quant au mensonge, au jeu de dupes, à cette morgue permanente de certains au sein du personnel politique, immuable dans son cumul et ses thésaurisations plus ou moins habiles, plus ou moins ciblées, il laisse un goût amer et risque de ne pas encourager le civisme. Dommage aussi que Monsieur Cahuzac ait plusieurs fois osé faire la morale aux Français de l’étranger qu’il voulait taxer, dommage qu’il nous ait mal compris et déconsidérés. Quelle impudence de la part d’un récidiviste dissimulateur de la fraude fiscale en col blanc ! Comme dirait Tartuffe, « le pauvre homme ».