33e session de l’Assemblée des Français de l’Étranger

33e session de l’Assemblée des Français de l’Étranger
Commission de l’Enseignement, des Affaires culturelles, de l’Audiovisuel extérieur et de la Francophonie

La 33e session de l’Assemblée des Français de l’Étranger vient de s’achever. Elle a eu lieu sous format hybride, en présentiel pour une petite trentaine de conseillers sur place et en audio- ou vidéo-conférence pour les quelque 60 conseillers qui n’ont pas fait pas le déplacement. Ce format hybride était sans doute une gageure sur le plan technique puisque les Conseillers vivent sur l’ensemble des fuseaux horaires de la planète. Les séances plénières et celles des commissions ont été tributaires des conditions mises à disposition par le Centre des Conférences ministériel, les horaires ont été malmenés, les connections étaient fragiles et souvent de mauvaise qualité, les espaces de travail sur place et des temps de travail se voyaient réduits,…
Les membres de la Commission de l’Enseignement, des Affaires culturelles, de l’Audiovisuel extérieur et de la Francophonie qui ont pu siéger ont porté leur attention particulièrement aux établissements du réseau scolaire, la crise sanitaire ayant fortement perturbé les établissements de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) et de la Mission laïque française (MLF).

Dès janvier, des établissements du réseau ont dû être fermées en Asie, premier foyer déclaré du virus, puis la quasi-totalité des établissements. Les réouvertures pour la rentrée scolaire ont été progressives. En septembre, la moitié des établissements ont repris les cours en présentiel, un tiers en « distanciel », les autres sous format hybride. Les effectifs sont en baisse légère globalement mais cela dépend des pays, d’autant que de nouveaux établissements se sont créés cette année et ont obtenu l’homologation – et ne doit pas nous faire oublier qu’un seul élève perdu est un échec et une déception. Des établissements de petite taille souffrent davantage. Pays en crise économique et politique depuis plusieurs années, le Liban se trouve dans une situation dramatique, également aggravée par la terrible explosion du mois d’août à Beyrouth. Les établissements touchés perdent près de 4 000 élèves. Beaucoup de familles franco-libanaises qui ont tout perdu ou qui sont précarisées ont dû partir, certaines dans les pays voisins afin d’assurer la scolarisation de leurs enfants.

Pour le monde, après de nombreuses demandes des élus, des parents d’élèves et des personnels le Parlement a voté un plan de soutien dont la mise en œuvre est en cours. Une rallonge budgétaire de 50M€ pour les bourses scolaires a déjà consommée en partie face à la dégradation de la situation de très nombreuses familles. 50M€ ont été, de plus, alloués au budget de l’AEFE qui se verra octroyer en outre des avances, remboursables sur douze mois, de France Trésor d’un montant de 50M€. Accorder des avances interroge sur les capacités de remboursement et nous avons donc insisté sur le risque qu’elles font peser sur les établissements en difficulté qui auront sans doute du mal à tenir les calendriers, surtout si des projets immobiliers sont prévus.

D’autre part, les équipes pédagogiques et notamment les proviseurs ont eu à organiser l’enseignement hybride ou complètement « distanciel » par des modules et des cours en vidéo, ce qui suppose des équipements numériques adequat pour enseignants et élèves et ce qui exclut pas mal les enfants des maternelles. Un effort de formation a été fait, 90 000 actions de formation ont été mises en œuvre, selon l’Aefe. Pour les familles, la situation a aussi été très lourde à gérer, le dialogue est, là aussi, primordial, la continuité pédagogique et la qualité de l’enseignement devant être assurées dans des contextes locaux très variés. La Fapée, la principale fédération des parents d’élèves, a reconnu le travail réalisé par les équipes pédagogiques et les directions pendant le développement de la pandémie mais l’hétérogénéité des outils utilisés a pu créer de l’incompréhension, et les parents insistent pour la réalisation des évaluations.
La MLF, de son côté, doit faire face dans des pays en crise et touchés de plus par la crise covid, comme le Liban, mais elle entend poursuivre sa mission dans le difficile contexte en veillant à assurer ses financements et en s’engageant pour le développement de ces offres pédagogiques. Elle aussi bénéficiera d’aides publiques.

Sur l’importante question des bourses scolaires, rappelons que celles-ci sont accordées sur critères sociaux aux élèves français. Elles sont d’abord étudiées par les Conseils Consulaires des Bourses (CCB). Dans le cadre de la crise sanitaire covid les postes consulaires ont préféré cette année avoir recours à l’audio ou à la visio-conférence. Or, ce mode de travail impacte fortement la qualité des échanges entre les membres participants des CCB. Il en sera de même pour les prochains CCB d’octobre et novembre. Impact sur l’accessibilité en amont aux dossiers de demandes par les membres des conseils, impact sur le traitement éclairé des dossiers lors de la tenue à distance des réunions des conseils en application du Règlement général sur la protection des données. Concilier prudence dans la communication numérique et efficacité des travaux de ces instances est un équilibre bien instable.
Les demandes de bourses scolaires sont en hausse sensible cette année et des aides exceptionnelles seront encore nécessaires, mais le nombre de nouvelles demandes a été relativement faible rapporté à la population française scolarisée et aux quelque 24 000 familles déjà boursières. Pour les frais couvrant la fin de l’année scolaire 2019-2020 seulement 2 085 boursiers ont obtenu une aide supplémentaire d’un montant de 1,5M €, ce qui laisse supposer que des aides seront encore demandées en fin d’année.

Lors de cette session une riche coopération avec la Commission des Finances et du Budget a présidé les travaux de notre Commission de l’Enseignement puisque trois résolutions communes ont pu être préparées et adoptées par l’Assemblée : la première pour la hausse des crédits des bourses scolaires afin de pouvoir répondre aux besoins issus de la crise sanitaire, la deuxième pour un dispositif sécurisant de garantie des emprunts par l’État pour les projets immobiliers des établissements conventionnés et partenaires de l’Aefe et la troisième pour une meilleure lisibilité stratégique de programmation et un élargissement du champ d’application du dispositif de subvention STAFE aux dépenses de fonctionnement pour le réseau culturel et les alliances françaises.

Nous avons une nouvelle fois interrogé l’Aefe sur le faible montant de l’enveloppe consacrée au programme FLAM, qui aide dans nos pays non francophones les associations de soutien au français dans le domaine périscolaire, et, même si les crédits remontent cette année à leur niveau de 2017 (550 000 €), le dispositif reste bien fragile pour jouer un rôle plus utile encore dans la constellation culturelle et pédagogique du réseau scolaire.

Quant au réseau culturel, toujours en souffrance, il perd encore 2 M€ dans le projet de budget mais devrait voir sa stratégie numérique renforcée. Une audition a été consacrée à l’Alliance française. Il existe 837 alliances françaises dans 132 pays, des associations de droit local, qui coopèrent avec l’Institut français et le MEAE mais certaines sont menacées directement dans leur existence par la crise actuelle, y compris en France alors qu’elles accueillent de nombreux étudiants étrangers. Actuellement, aucun ministère ne se sent malheureusement concerné ! La commission a demandé dans une résolution adoptée en séance plénière qu’une attention leur soit accordée ; Or, il y va de l’influence culturelle de notre pays et de sa politique linguistique. Comment les préserver sans concertation pérenne et donc sans réels moyens ?

L’Aefe a par ailleurs annoncé une plus grande visibilité pour les femmes dans le réseau et la mise à disposition d’un kit de communication lien vers l’égalité professionnelle. Ainsi, la 4è Semaine des lycées français du monde aura pour thématique « Citoyennes et citoyens, égaux et solidaires : une éducation française pour relever les défis de demain ». Deux objectifs sont retenus pour 2021 : la réalisation du 1er plan d’action de l’Aefe égalité femmes-hommes et le dépôt d’un dossier de labellisation AFNOR « égalité professionnelle femmes-hommes ». Des actions que la Commission a unanimement saluées.

Les rapports des commissions sont consultables sur le site de l’afe

Philippe Loiseau
Conseiller des Français de l’étranger, membre de l’AFE

 

 

AFE : TRAVAUX DE LA COMMISSION DE L’ENSEIGNEMENT, DES AFFAIRES CULTURELLES, DE L’AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR ET DE LA FRANCOPHONIE

Session de l’Assemblée des Français de l’Étranger, oct. 2018

Le directeur de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE) a dressé un rapide tableau de l’année scolaire 2017/2018 qui a été perturbée par une baisse drastique du budget de l’Agence (-33 M€ en juillet 2017) alors même que le réseau souffre de sous financement public et est toujours en croissance avec environ 355 000 élèves (AEFE, MLF,… +1,6%). Notre commission a entre autres traité du financement et de l’évolution de ce réseau (500 suppressions de postes sur trois ans annoncées !), du redéploiement, de la réforme des contrats et de la mobilité des enseignants marquée par une récente note de service stricte venue sans coup férir, de la contribution financière des établissements, du poids sans cesse croissant des pensions civiles des personnels, de la sécurité des emprises,… Des initiatives privées de création d’écoles françaises à buts lucratifs se font jour également et doivent être analysées avec attention surtout que le gel immédiat décidé soudainement par les services de l’État  de la garantie de l’État pour de tous les projets immobiliers actuels des établissements est profondément inquiétant et à ce jour sans issue.
Du côté des bourses scolaires, le bilan définitif de la campagne 2017/2018 fait état de 25 431 boursiers pour 105 M€. La dotation pour 2018 dans le budget de l’AEFE s’est élevée à 110 M€. Et même si une attention particulière va à l’accompagnement scolaire des élèves en situation de handicap, les crédits publics incitent à l’économie et des risques de non scolarisation ou de déscolarisation pour raisons financières existent donc toujours. Ainsi, pour 2019, la dotation budgétaire prévue est en baisse de 5 millions, baisse qui pourrait si nécessaire être compensée si les dits besoins des familles, dont celles des classes moyennes, trouvaient une meilleure réception dans un barème figé et trop contraignant.
Mais « le réseau a-t-il les moyens de ses ambitions ? » C’est le titre d’un rapport réalisé par les sénateurs Féraud et Delahaye qui proposent diverses pistes visant à plus de transparence, plus d’équité et plus de pilotage politique du réseau en conservant le principe selon lequel « l’AEFE doit rester la colonne vertébrale de l’enseignement français à l’étranger ». Ici le Rapport.
Beaucoup reprochent en effet à l’Agence une certaine opacité dans sa gestion. D’ailleurs pourquoi les associations de parents d’élèves ne pourraient-elles pas également être mieux représentées dans les instances décisionnelles de l’AEFE, notamment sur les questions budgétaires, puisque les parents paient des frais de scolarité, et souvent des frais très élevés ? Au vu de ce constat, les élus des Français de l’étranger seraient sans aucun doute disponibles pour aider les parents à être davantage impliqués aux côtés des représentants des personnels.
Il a été également question de la défense du patrimoine, de la protection et de la vente d’œuvres d’art. Trésors nationaux, biens culturels ou œuvres moins cotées elles sont une des composantes du rayonnement de la France sur un marché dont le volume explose. Dimension mondiale aussi pour la Fondation Alliance française et l’Institut français dont le rapprochement envisagé demeure un sujet d’incertitudes et donc d’inquiétude pour l’avenir de notre influence culturelle. Organisations de natures différentes mais toutes deux subventionnées par l’État français elles doivent pouvoir mieux coordonner l’action culturelle à condition que des avancées juridiques et administratives soient réelles. Il serait temps !
L’audiovisuel extérieur, quant à lui et comme les autres secteurs, fait face à des perspectives budgétaires délicates. Marie-Christine Saragosse, directrice de France Médias Monde, et ses équipes portent très haut le journalisme dans un contexte international troublé et fortement concurrentiel, surtout dans une concurrence déloyale. Le développement de nos médias radio et TV francophones (RFI, F24, MCD) mais également en espagnol, en anglais et dans plus de langues africaines doit se poursuivre de façon prioritaire.
Sur tous ces sujets, le groupe Français du monde Écologie et Solidarité travaille et si on peut difficilement dire aujourd’hui que les budgets de tous ces opérateurs portent à un optimisme très exaltant, pour le dire dans un langage diplomatique, il est hors de question de baisser les bras.
Philippe Loiseau