Visite à Brême vendredi 29 novembre

image.jpeg
Entretiens avec la consule honoraire, Madame Wehrmann, puis avec la directrice de l’Institut français portant sur le travail de son équipe et son rôle fédérateur dans cette région. La programmation culturelle est ambitieuse, en témoigne également la soirée consacrée à Albert Camus qui a réuni près de 90 personnes. Camus et l’Algérie, son pays natal, Camus et l’absurde dans ses face à face avec la douleur, la pauvreté, l’échec, la maladie, l’amour de la vie et le succès littéraire…
Rencontre avec le Vorstand de l’école interculturelle de Brême, jardin d’enfants, primaire à la Freiligrathstrasse et collaboration avec un lycée pour une filière Abibac, mais qui n’a pas assez d’élèves. Cette école, fleuron du bilinguisme franco-allemand à Brême est un intervenant majeur et un partenaire pour la ville, mais aussi pour la France qui va lui attribuer le label FranceEducation, correspondant bien à ses pédagogies et à ses ambitions. La sénatrice Lepage a accordé à un de ses projets une subvention de sa réserve parlementaire en 2012 suite à notre visite sur place.
Rencontre ensuite avec des compatriotes de Brême pendant laquelle les sujets importants abordés sont ceux du lien culturel avec la France, la place de l’enseignement et le droit de la famille qui reste un dispositif national n’apportant hélas pas que des solutions aux difficultés que vivent de nombreux couples binationaux avec enfants…
Les Français de Brême et des communes voisines de Basse-Saxe comptent sur nous pour garder les contacts avec la France.

Délocalisation de l’Institut culturel de Berlin

L’ambassade nous a fait part de ses projets de réforme du réseau culturel à Berlin. Il s’agirait d’ici 2015 de réunir sur un seul lieu, à l’ambassade, tous les services de l’Institut culturel situé à la Maison de France depuis 1950. C’est un arrache-cœur pour les Berlinois. Dans le contexte budgétaire de la France ce projet s’inscrit dans une démarche comptable de l’administration centrale, démarche à laquelle on nous a déjà habitués.

En tant qu’élu des Français de Berlin j’entends préciser plusieurs points :

D’abord l’expérience…

Voilà une petite quinzaine d’années des travaux avaient eu lieu à la Maison de France (réduction de l’espace de la médiathèque, délocalisation provisoire des cours, construction d’un mur coupant la grande salle du 4ème étage, centralisation des services culturels déconcentrés en Allemagne renforçant les cohérences mais au prix d’un certain jacobinisme à la française dans un État fédéral…). Le climat social était très dégradé, la communication, mauvaise. Ces changements avaient été ressentis négativement par les personnels et la communauté francophone de Berlin.

Beaucoup avaient, non sans raison, perçu comme absurdes voire dogmatiques certaines décisions, remises en cause par la suite. De nouveaux travaux avaient été faits, les cours de langue avaient été entre temps affaiblis, l’image de l’enseigne « Institut culturel » troublée. C’était, de mémoire de Berlinois, une période de décisions administratives funestes. Nous nous en souvenons très bien, à Berlin et ailleurs en Allemagne.

Les deux derniers directeurs, Madame Delplanque et Monsieur Gabriel, nous ont confortés dans notre sentiment qu’un dialogue existait. La programmation est de grande qualité, les enjeux sont clairs, le public au rendez-vous, l’Institut, comme on lui demande et comme on le demande aux autres, est quasi autofinancé, il « fait recette ».

Par la vente de la Maison de France, maison qui jouit d’une forte identité, se refermerait une page de 60 ans d’histoire locale. Une petite part du produit constituerait un apport financier pour ce regroupement, c’est bien le moins, mais surtout pour des rénovations nécessaires de l’ambassade… Les architectes-stars ont un coût !

Sera-t-il donc possible de préserver l’outil, comme cela a été précisé, de préserver l’ensemble des personnels et l’ambition culturelle de la France ? La culture n’est pas une variable d’ajustement, l’avenir de l’Institut est donc en question.

Alors, quel avenir justement ?

Quels aménagements seront possibles dans les locaux de l’ambassade pour une bibliothèque-médiathèque pérenne et digne de ce nom ?

Les utilisateurs francophiles iront-ils spontanément dans l’enceinte d’une ambassade située en pleine zone touristique pour avoir accès aux magazines et aux médias ? L’ambassade est un lieu bien sécurisé pour héberger spectacles, discussions, expositions, passage permanent de publics divers. On sait ce qui est advenu des projets de conception de la « rue de France » après le 11 septembre.

Il y aura-t-il suffisamment de salles de cours équipées ? Une quelconque extension est-elle envisageable ? Une étude d’impact pourra-t-elle garantir la justesse stratégique de ces choix ?

Si, à moyen terme, le regroupement sur un seul lieu des services culturels et de leur        « vaisseau amiral » n’assurait pas la pérennité de l’Institut, le risque d’un arrêt de toutes ses activités serait selon moi réel. Il nous faut donc des garanties !

Je forme le vœu qu’en cette année de jubilé franco-allemand et au-delà nous puissions faire face ensemble aux réalités dans le respect de notre histoire et du travail accompli depuis si longtemps par l’Institut culturel et ses personnels.