Session de l’Assemblée des Français de l’Étranger, oct. 2018
Le directeur de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE) a dressé un rapide tableau de l’année scolaire 2017/2018 qui a été perturbée par une baisse drastique du budget de l’Agence (-33 M€ en juillet 2017) alors même que le réseau souffre de sous financement public et est toujours en croissance avec environ 355 000 élèves (AEFE, MLF,… +1,6%). Notre commission a entre autres traité du financement et de l’évolution de ce réseau (500 suppressions de postes sur trois ans annoncées !), du redéploiement, de la réforme des contrats et de la mobilité des enseignants marquée par une récente note de service stricte venue sans coup férir, de la contribution financière des établissements, du poids sans cesse croissant des pensions civiles des personnels, de la sécurité des emprises,… Des initiatives privées de création d’écoles françaises à buts lucratifs se font jour également et doivent être analysées avec attention surtout que le gel immédiat décidé soudainement par les services de l’État de la garantie de l’État pour de tous les projets immobiliers actuels des établissements est profondément inquiétant et à ce jour sans issue.
Du côté des bourses scolaires, le bilan définitif de la campagne 2017/2018 fait état de 25 431 boursiers pour 105 M€. La dotation pour 2018 dans le budget de l’AEFE s’est élevée à 110 M€. Et même si une attention particulière va à l’accompagnement scolaire des élèves en situation de handicap, les crédits publics incitent à l’économie et des risques de non scolarisation ou de déscolarisation pour raisons financières existent donc toujours. Ainsi, pour 2019, la dotation budgétaire prévue est en baisse de 5 millions, baisse qui pourrait si nécessaire être compensée si les dits besoins des familles, dont celles des classes moyennes, trouvaient une meilleure réception dans un barème figé et trop contraignant.
Mais « le réseau a-t-il les moyens de ses ambitions ? » C’est le titre d’un rapport réalisé par les sénateurs Féraud et Delahaye qui proposent diverses pistes visant à plus de transparence, plus d’équité et plus de pilotage politique du réseau en conservant le principe selon lequel « l’AEFE doit rester la colonne vertébrale de l’enseignement français à l’étranger ». Ici le Rapport.
Beaucoup reprochent en effet à l’Agence une certaine opacité dans sa gestion. D’ailleurs pourquoi les associations de parents d’élèves ne pourraient-elles pas également être mieux représentées dans les instances décisionnelles de l’AEFE, notamment sur les questions budgétaires, puisque les parents paient des frais de scolarité, et souvent des frais très élevés ? Au vu de ce constat, les élus des Français de l’étranger seraient sans aucun doute disponibles pour aider les parents à être davantage impliqués aux côtés des représentants des personnels.
Il a été également question de la défense du patrimoine, de la protection et de la vente d’œuvres d’art. Trésors nationaux, biens culturels ou œuvres moins cotées elles sont une des composantes du rayonnement de la France sur un marché dont le volume explose. Dimension mondiale aussi pour la Fondation Alliance française et l’Institut français dont le rapprochement envisagé demeure un sujet d’incertitudes et donc d’inquiétude pour l’avenir de notre influence culturelle. Organisations de natures différentes mais toutes deux subventionnées par l’État français elles doivent pouvoir mieux coordonner l’action culturelle à condition que des avancées juridiques et administratives soient réelles. Il serait temps !
L’audiovisuel extérieur, quant à lui et comme les autres secteurs, fait face à des perspectives budgétaires délicates. Marie-Christine Saragosse, directrice de France Médias Monde, et ses équipes portent très haut le journalisme dans un contexte international troublé et fortement concurrentiel, surtout dans une concurrence déloyale. Le développement de nos médias radio et TV francophones (RFI, F24, MCD) mais également en espagnol, en anglais et dans plus de langues africaines doit se poursuivre de façon prioritaire.
Sur tous ces sujets, le groupe Français du monde Écologie et Solidarité travaille et si on peut difficilement dire aujourd’hui que les budgets de tous ces opérateurs portent à un optimisme très exaltant, pour le dire dans un langage diplomatique, il est hors de question de baisser les bras.
Philippe Loiseau